Terre de Sienne
Terre de Sienne
de
Shantalh
Mérimée écrivait : « cette couleur a beaucoup de corps et est très siccative, surtout après qu’elle a été calcinée. On lui reproche de pousser au noir ; mais ce n’est pas une raison pour ne pas l’employer. »
« Au dehors la nature était belle sur sa face, et sur son profil, que me cachait-elle ? J’avais l’image et pas le son… c’est sans doute ce qui me manquait le plus dans ce lieu de silence. Quant à moi, je partis la veille de mon ordination diaconale en vue du sacerdoce. J’avais saisi mes affaires sans plus réfléchir suite à un bruit de clef dans la serrure qui me fit imaginer que quelqu’un fermait la porte de ma cellule à double tour et que je ne pourrais plus voir la lumière du soleil que de l’intérieur. Je refusai de parler à quiconque et je filai à toute allure. J’entendis des pas précipités dans mon dos et je refusai de me retourner. Le diocèse était sous les feux du remue-ménage que j’étais en train de provoquer. Les murs défilaient et je ne vis plus rien. Je manifestais autant d’éclats que si j’avais sauté sur un bâton de dynamite. Mon portable se mit à vibrer et je l’ignorai. Je courus droit devant, comme un fou possédé, dévalant les rues les unes après les autres sans rien voir, refusant d’entendre. Arrivé dans le VIIIème arrondissement de Paris, j’entrai dans un bistrot et je me commandai un alcool.
Il eut l’effet escompté car je sentis mes nerfs se relâcher au bout de quelques minutes. Je restais assis là, seul, à penser au vide. »
Raphaël devait fuir pour se reconstruire ailleurs, il quittait la charité chrétienne, le pourboire à Paris pour se réveiller au Caire où les enfants aux sourires radieux quémandaient des bakchichs à tous les touristes. Raphaël avait le sentiment d’être attiré là où la vérité devait surgir, et devait contrer l’occulte. Déjà la prise de distance, lui permettait de réfléchir, et de comprendre pourquoi certains d’entre nous, étaient enclins à endoctriner d’autres pour arriver à leurs fins, car sans cela l’esprit restait hors d’atteinte de toute influence.
La veille du jour de son départ, son ami, le père Ernest lui avait offert une petite boîte contenant des images qu’il avait achetées chez un antiquaire. Ces images anciennes étaient au nombre de neuf, rangées dans un ordre établi, leurs représentations lui étaient inconnues. Ce cadeau était sans nul doute le véhicule idéologique d’un message symbolique, Raphaël avait toutes les cartes en main pour accomplir son destin ou pas. La consigne du Père Ernest était qu’il fallait les regarder avec un peu de détachement … Si l’on peut traduire un texte, il reste à expliquer le sens caché de l’image … un mysticisme d’expression dont la clé reste à trouver, des allusions à des faits mythologiques supposés connus du lecteur et que sans doute, nous ignorerons toujours.
C’est en partance pour la ville antique de Dendérah, que Raphaël fit la connaissance de Denis Horn, Egyptologue anglais, travaillant pour le British museum. Ce dernier était désireux d’éclaircir la notion de faculté du mental, et de la fusion des énergies, ainsi que d’analyser avec des méthodes scientifiques, les mesures que l’on peut enregistrer dans ces lieux immergés qui centralisent ces forces du passé.
«J’avais toujours gardé une certaine distance avec tout : le monde spirituel, la vie et ses dures réalités et je voulais garder cette même distance avec le monde des ombres ou le monde ésotérique. Si nous ne gardons pas une certaine distance, je ne vois pas comment ne pas verser progressivement vers une orientation qui pourrait me nuire car tout absolu est, pour moi, un conditionnement d’abord de l’esprit, ensuite du corps et il ne peut y avoir de retour possible que par une solution drastique et définitive pour rompre un processus engagé. Sur ce point Denis et moi partagions le même point de vue et cela nous permettait d’investiguer même les grandes profondeurs. »
Si Raphaël pensait tenir toutes les cartes en main, son avenir n’était pas pour autant tracé. Chemin faisant, certaines cartes disparaissaient en laissant des traces, phénomènes inexplicables pour ceux qui ne pouvaient pas lire dans les ténèbres. Les neuf cartes seraient-elles les clefs qui ouvriraient des portes ? Mais de quelles portes s’agit-il ?
« Peut-être neuf cartes, huit sans aucun doute possible, la septième disparaît, après avoir pensé l’avoir retrouvée, mais disparaît bel et bien, une sixième est toujours en lieu sûr, par contre cinq ne peuvent s’échapper mais le miroir sur le quel je les ai collées se brise. Que faut-il en penser ? »
Les portes de la provocation, de l’opposition, un jeux qui impose des droits d’entrée, un spectre qui vous fait peur et vous laisse sur le seuil de votre conscience, effrayé par la défausse organisée par un grand ponte invisible…Raphaël va-t-il retrouver les cartes fantômes ? La peur instaurée quelle que soit sa forme, a une emprise psychologique redoutable, trop de gens parmi nous veulent régir la vie des autres, pour leur propre intérêt uniquement !
Shantalh, est une auteure qui a ce que j’appellerai une solitude d’avance !
Elle connaît les mots et leur puissance d’action, la reconduction des rituels psychiques ou physiques qui donnent les moyens d’influencer l’esprit et de manipuler les forces obscures qui sommeillent au fond de chacun individu.
Il lui suffit de donner une représentation en image à la valeur de l’homme pour découvrir le sens de la responsabilité, une carte à deux faces et donc à deux valeurs. La conscience dont l’auteur vous parle jusqu'à présent est la conscience de l'altérité donc, en toute logique, la conscience de sa propre individualité, de la différence qu'il existe entre soi-même et l'environnement biologique et physique. La dualité et son libre arbitre ont été créé en notre essence vitale originelle, seule la sagesse s’acquière en notre passage sur terre, sorte de préface qui construit le passeport pour un au-delà.
L’humanité a été profondément influencée par le règne animal. Les animaux sont à la base de nombreux échafaudages culturels et idéologiques. Ils sont également au cœur des mythes fondateurs. Selon chaque religion, l’animal est déifié ou diabolisé.
Prenez conscience qu’il ne s’y trouve ni Dieu, ni Diable ! C’est l’Homme qui interfère pour poursuivre un combat, endoctrine les jeunes à devenir des armes avant d’être des hommes, briser le mental d’un être pour le dominer, avant qu’il ne puisse lui-même se mettre à penser.
Le chemin de l’existence a deux voies et ces deux voies peuvent nous mener à d’autres voies, à nous de savoir laquelle choisir …
« Quand j’étais enfant, précisa Raphaël, je n’avais pas les moyens de savoir si tout ce que j’entendais était vrai, mais je ne pouvais pas croire que mon entourage puisse me mentir volontairement et pourtant, ce fut le cas. Tout ce que l’on met dans le crâne est un piège. La question est, qui de nous veut être différent, qui de nous adoptera la même conduite, qui sera influencé par telle ou telle conduite et pourquoi quelque chose en lui le poussera à agir de cette manière plutôt qu’une autre, son caractère aidant. »
Faut-il toujours déterré la vérité ? Faut-il absolument connaître son passé pour construire son future ? Pour Denis, ce que l’humanité ne doit jamais savoir, reste enfoui. Et pour vous ?
Shantalh nous séduit par ses personnages, par le sens du mystère, elle allume votre esprit et vous tient éveillé, puis choisit de vous éteindre graduellement. Elle vous laisse dans un labyrinthe de questions qui s’évaporent pour mieux vous menez vers une réflexion plus approfondie sur des sujets vertueux d’humanisme … Chutt… C’est de l’ombre que viendra la lumière.
Shantalh fait partie de ces auteures discrètes, assise sur les pierres chaudes de la Piazza del Campo de Sienne, le regard félin couleur pistache, les yeux mis-clos au soleil couchant, la chaleur des ocres et des rouges se calcinent doucement, alinéa vers la nuit cendrée. Pendant un cours instant, les desseins de l’Histoire se dessinent sur les façades de terre brûlée, c’est un moment de Vérité qui s’accomplit en temps voulu, et se réalise sans l’ombre d’un doute, vous laissant un goût d’éternité.
«....Comme il est important de vivre le moment présent, en étant le plus heureux possible, occultant toutes ces foutaises de mésentente des hommes car la vie s’arrête souvent avant minuit… Quant à l’après-vie, le sujet est complexe. Ceux qui y croient se sentent rassurés et ceux qui réfutent cette hypothèse, veulent trop souvent et catégoriquement imposer leur vue aux autres et c’est l’éternel refrain de la domination de l’esprit de l’un sur l’autre. Je crains que le doute l’emporte, ils ne savent pas et ne veulent pas savoir car ils craignent de savoir. Ce n’est pas parce que ce n’est pas tangible que ce ne peut être réel.
Laissons donc en paix les vivants comme les défunts mais gardons à l’esprit l’amour qu’on leur portait et que le mépris reste aux méprisants. Si l’homme était conscient qu’aimer est une valeur essentielle que l’amitié donne quelquefois, il saurait pourquoi quand une rupture se concrétise, qu’il a perdu celui qu’il recevait. Preuve en est que dans certaines situations de solidarité, le cœur est souvent l’ennemi de la raison, la pitié étant un mauvais juge et pourtant grand est l’esprit de l’homme quand il a tendu la main à un être de bien.
Je n’ai sans doute pas confiance en l’homme car il est derrière tant de mal, mais l’être humain peut nous surprendre par de bien nombreuses qualités, par bien des bontés ».
Comme l’argile, substance dans laquelle est façonnée une diversité infinie de choses, l’homme modèle sa conscience, sédimentation du discernement. Les pensées existaient toutes potentiellement dans l’argile avant que chacune d’elles fût réalisée, ainsi sont-elles identiques dans leur substance. Leur forme ou leur manifestation les différencie, mais une fois façonnées, et tant que dure leur forme elles sont séparées et différentes.
Vos yeux de lecteur averti démêleront les secrets sentiments, et les plis de votre coeur verront tout l'artifice.
Cliquez sur la couverture pour vous procurer le roman
Livre sélectionné pour le livre du mois de novembre 2014.
Découvrir la biographie de Shantalh
Lire son premier roman " La sonate "
Marie-Christine Dehove po Frenchwritersworldwide.com
25 novembre 2014.
Merci à Arte pour ce document très intéressant sur le secret de la loi d'attraction !